Les amazighs
Leur contribution
à l'élaboration des cultures
méditerranéennes
Par Mohammed CHAFIK
Le travail de recherche que s’est
assigné l’Institut Européen de la
Méditerranée est, par les temps qui courent, d’une
utilité incontestable : il ouvre la voie au rapprochement et
à la compréhension entre des peuples voisins, à
une époque où des familles ou des individus habitant sur
le même palier s’ignorent superbement les uns les autres. Que les
riverains d’une même mer, qu’on pourrait qualifier
d’intérieure,mais désormais ouverte à tous les
courants, se donnent l’occasion de se voir, de s’écouter, et,
espérons-le, de s’entendre et de se comprendre, nous console du
fait désastreux que l’esprit humain se gave au quotidien
d’horribles visions, juste bonnes à le rendre incurablement
insensible à la douleur d’autrui et de le condamner à un
autisme progressif. Nous savons tous, vaguement, autour de la Nostra
Mare, comme disaient nos anciens amis les Romains, qu’il existe une
communauté de culture entre nous, mais c’est dans le regard des
non-méditerranéens, des Nordiques principalement, que
nous le percevons.
L’Institut Européen de la Méditerranée nous convie
donc à un exercice particulier et salutaire, celui d’une
introspection socioculturelle collective. De nos subjectivités
respectives entrecroisées, il devrait normalement se
dégager, pour le moins, une approche raisonnée de nos
problèmes communs, faute d’une totale objectivité
scientifique. Aussi me dois-je d’adresser à l’administration de
l’IEMED, à ses chercheurs, et à Mme M.A. Roque,
l’organisatrice de ce symposium 1, les plus vifs
remerciements du monde berbère, qui se voit honoré
d’être invité à s’interroger et à se laisser
questionner, trois jours durant, sur son passé, son
présent, et son devenir.
Les Berbères, Mesdames et Messieurs, ne se sont jamais
désignés eux-mêmes par ce nom. Jusqu’au
début du XIXème siècle les Européens en
général utilisaient pour parler de l’Afrique du Nord le
vocable Barbaria, hérité de l’Eglise catholique dont on
connaît le conservatisme langagier. En français, la forme
Berbère avait déjà commencé à se
substituer à la forme Barbare vers la fin du XVIIème
siècle, sous l’influence de l’arabe nord-africain. En cette
dernière langue on prononçait en effet Bräber. C’est
de là aussi que semble venir la forme Berbero commune à
l’espagnol et à l’italien. Mais que s’est-il passé pour
que, de tous les peuples anciens, du nord et du sud du bassin
méditerranéen, seuls les Nord-Africains ont
continué à être, en quelque sorte,
considérés comme barbares ?... Il s’est passé
qu’au VIIème siècle de l’ère chrétienne les
envahisseurs arabes de ce qu’on nomme actuellement le Maghreb ont
emprunté le terme Barbarus aux Byzantins, lesquels Byzantins
nous regardaient comme étant leurs ennemis du double point de
vue politique et religieux. Aucun Berbère pourtant n’a jamais
senti vivre en lui la moindre once de barbarie, puisque chacun de nous
s’est toujours vu comme étant un Amazighe, c’est-à-dire,
étymologiquement, un homme libre et noble à la fois.
Ensemble, nous autres vos invités, nous sommes des Imazighen.
Notre langue est tamazight. Ce sont les anciens Grecs, qui ont
créé dans leur langue le mot barbaros, pour
désigner tous les autres peuples, y compris les Romains,
où ils ne voyaient que des êtres frustes et mal
dégrossis. Mais les Grecs n’auraient pas imaginé que ce
qualificatif pût échoir en héritage non
revendiqué aux descendants d’un peuple à l’égard
duquel les animait, comme nous le verrons, une sorte de
piété presque filiale. Et, ainsi, ce sera de
manière indifférente, que j’utiliserai dans mon
exposé, comme nom ou comme adjectif, tantôt le mot
Amazighe, ou son pluriel Imazighen, tantôt le mot Berbère,
dont le pluriel ne diffère du singulier que par l’orthographe.
Mais, avant de parler des Berbères des temps anciens,
peut-être conviendrait-il de situer d’abord dans l’espace ceux
des temps présents, ceux qui sont en principe
représentés ici, aujourd’hui. Et là, disons-le
tout de suite, on ne peut que reconnaître la douloureuse
réalité du fractionnement géographique du monde
amazighe. La principale cause de ce fractionnement est d’ordre
historique : agissant sur les âmes au plus profond, l’islam a
entraîné l’arabisation de pans entiers de la
société berbère, et amené des
générations successives d’Amazighes à se sentir,
à se dire, et souvent à se vouloir arabes contre vents et
marées. Ce fractionnement est dû ensuite au fait que le
colonialisme français a tracé au cordeau la plupart des
frontières des Etats africains riverains du Sahara, sans le
moindre égard pour les différences ethniques. De cela, il
a résulté que les berbérophones, sont de plusieurs
nationalités. Ils sont principalement marocains et
algériens, mais aussi libyens, tunisiens, mauritaniens, maliens,
nigériens, bourkinabés, ou même tchadiens. (Abrous
et Claudot-Hawad). Et, comme l’émigration vers d’autres
continents a joué son rôle, il existe actuellement une
importante diaspora amazighe numériquement bien
implantée, en Espagne, en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, et
en Belgique, et de plus en plus attirée par le Canada et les
Etats-Unis d’Amérique. A l’intérieur même de chacun
des pays d’origine, la berbérité, en tant que fait
linguistique, ne fait pas forcément bloc du point de vue de
l’étendue géographique, sauf au Maroc où elle
barre la quasi-totalité du territoire nationale, du Nord-Est au
Sud-Ouest, en une diagonale plus ou moins large selon les
régions, puis en Algérie, au Mali, et au Niger, où
elle occupe des zones, séparées certes les unes des
autres, naturellement ou artificiellement, mais suffisamment vastes
pour se sentir aptes à pleinement s’affirmer en tant
qu’identité ethnique. Il s’ajoute à cela qu’en
Algérie et au Maroc, de nombreuses villes se berbérisent
insensiblement d’année en année au plan
démographique, sous l’effet de l’exode rural. Déjà
ville kabyle à l’époque des Français, Alger l’est
devenue davantage depuis 1962. A cette dernière date
précisément, la population berbérophone de
Casablanca a été estimée par un chercheur à
près de 23% (Adam, I, p.273). Ce pourcentage n’a pu que
croître. Mais, pour des raisons politiques faciles à
deviner, au Maroc tout au moins, les nombreux recensements qui se sont
succédé depuis 1960 passent systématiquement sous
silence les chiffres concernant les langues pratiquées par les
recensés. Ce qui n’empêche pas un phénomène,
intéressant par sa nouveauté, de se produire de
manière spectaculaire en zones rurales arabophones, où
les éléments les mieux instruits de la population
commencent à se réclamer d’origines amazighes, en
s’appuyant sur des constatations d’ordre historique, linguistique,
anthropologique, et toponymique. C’est le cas des Ghiata de Taza et des
Jebala de Taounate, à titre d’exemples. Un poète a
même fait de cette question l’objet d’un recueil de vers
où il exprime la joie d’avoir retrouvé ses racines
(El-Méliani). Il est à noter que, si, cette prise de
conscience a d’abord concerné des groupements berbères
d’arabisation plus ou moins récente, elle n’a pas manqué
de s’imposer assez rapidement à de petits échantillons de
populations habituées, depuis longtemps, à s’enorgueillir
et à toujours se prévaloir d’une ascendance censée
être hors du commun. C’est peut-être là un effet du
militantisme culturel amazighe.
Toujours est-il qu’en l’état actuel des choses, le morcellement
géographique de l’élément berbérophone
à travers l’immensité aux trois quarts désertique
du nord de l’Afrique, suggère à l’observateur non averti
l’idée que l’amazighité ne peut être, ou même
n’avoir été, que minoritaire, à telle enseigne
qu’un universitaire moyen-oriental ne s’aperçoit pas de la
bévue qu’il commet ainsi : balayant du revers de la main, sur
une carte, une large zone désertique et totalement
inhabitée, autour d’une oasis amazighophone marquée en
jaune, il lance à la cantonade : « Mais voyez comme
c’est vaste le domaine de la langue arabe ! ». Aussi est-il
utile de signaler que c’est la toponymie qui rend le mieux compte de la
vastitude du domaine historique amazighe, et qui en indique les limites
de façon suffisamment précise.
Que ce soit au Maroc, en Algérie, en Mauritanie, au Mali, et,
à une moindre échelle, en Libye, au Niger, et en Tunisie,
c’est grâce au berbère que les toponymistes
procèdent au décryptage étymologique de la
majorité des noms de lieux, de régions, de fleuves, de
montagnes, et de beaucoup de villes. Fès, Mekhnès,
Marrakech, Agadir, Tanger, Oujda, Oran, Tlemcen, Tizi-Ouzou, Tunis,
Nouakchott, Tombouctou, etc, sont des noms berbères. Cette vaste
contrée où prédomine, jusqu’à nos jours, la
marque toponymique amazighe, a reçu des anciens Grecs un nom :
celui de « Libye » prononcé « Liboué
», lequel nom a été employé pour la
première fois au IXe siècle av. J. C. par le grand
poète Homère, pour désigner le pays «
allant de l’Egypte à l’Océan » (Bailly, p.
1190). Empruntée à l’Egyptien, la dénomination
« Libye » ne s’appliquait à l’origine qu’à
l’une des deux grandes tribus berbères évoluant dans le
désert à l’ouest du Nil : les Libué,
précisément, et les Temehu. (Document n° I). C’est
donc depuis la plus haute antiquité (IXe siècle. av. J.
C.) que les Grecs ont nommé « Libyens » l’ensemble
des Imazighen. Plus tard ils donneront le nom de Nomadia (Numidia, en
latin) à la partie centrale de la Libyê, et le nom de
Maurousia (Mauritania, en latin) à la partie la plus
occidentale, faisant allusion au fait que c’est elle qui voit se
coucher le soleil et naître l’obscurité (Bailly, pp. 1230,
1331). Quant au nom « Africa », il dérive du mot
amazighe « afri, ifri » sous lequel était connu
l’habitat de populations troglodytes de l’ancienne Tunisie, dont
descend la grande tribu Ayt Ifran (Bani Ifran, en arabe).
Ce sont les Romains qui ont utilisé « Africa » pour
nommer, au départ, la partie de la Numidie se trouvant dans la
mouvance de Carthage. Le mot fera fortune par la suite, puisqu’il
finira par devenir le nom de tout un continent. De tout ce continent
les anciens Grecs n’avaient donc donné de noms qu’aux deux
régions qu’ils connaissaient, à savoir l’Egypte, et
l’incommensurable et difficilement et pénétrable patrie
des Imazighen, la « Libye » (Document n° II). Cette
immense patrie avait, et a toujours, des caractéristiques
géographiques bien marquées : une pluviométrie
déficiente et irrégulière, ou même absente
localement, d’où la rareté de l’eau, une
semi-aridité du sol, se transformant en totale aridité
plus on va vers le sud, sous l’effet d’une désertification
rampante partie du centre du Sahara actuel avant même
l’époque historique, et progressant irrésistiblement en
direction du nord. Il s’ajoute à cela un système
orographique cloisonné. Ce sont ces caractéristiques
géographiques de la « Libyé » qui ont
façonné et le tempérament et l’histoire amazighes,
et ont fait que, dans l’antiquité, il y a eu des Berbères
des zones côtières et de leurs arrière-pays
immédiats, et des Berbères de l’intérieur des
terres, habitants sédentaires en minorité, semi-nomades
ou nomades en majorité, évoluant dans les zones
montagneuses, les plateaux semi-arides ou, dans le désert autour
d’oasis enclavées. Pour des raisons évidentes, seuls les
Imazighen des régions voisines ou relativement proches de la mer
sont entrés en contact avec les peuples
méditerranéens de l’Antiquité, les Grecs, les
Phéniciens, les Romains, et les Hébreux, en plus de leurs
voisins, les Egyptiens, évidemment ; et seules leurs
élites ont pu s’acculturer sérieusement.
Les autres sont restés en réserve, si je puis dire, et
ont ainsi pu sauvegarder la culture amazighe proprement dite.
Cependant, les premiers partenaires historiques des Imazighen ont bien
été leurs voisins les plus proches, c’est-à-dire
les Egyptiens. Mais nous en parlerons en dernier, parce que les deux
peuples semblent avoir eu beaucoup plus que de simples rapports de
voisinage. C’est des Grecs qu’il sera d’abord question Après des
frictions, ou même de courtes guerres dues au fait que des colons
hellènes sont venus s’installer sur les côtes libyques,
face à la Grèce, au IXème siècle av.J.C, il
semble bien qu’un modus vivendi ait été assez vite
trouvé entre les nouveaux venus et leurs hôtes
berbères, dans l’ensemble des cinq cités, les fameuses
Pentapolis, appelées à prospérer sur la rive sud
de la Méditerranée pendant plus de quinze siècles,
du IXème siècle av. J. C., jusqu’au VIIème
siècle de l’ère chrétienne. Ecoutons le grand
poète grec Callimaque (315-240 av. J. C.) chanter le bonheur de
vivre dans la principale de ces cités, Cyrène
(Kurênê), au IIIème siècle. av. J. C. :
Grande fut la joie au cœur de
Phoibos,
Quand, venu le temps des fêtes Carnéiennes,
Les hommes d’Enyô, les porte-ceinturons,
Firent un chœur de danse parmi les blondes Libyennes.
…………………………………………..……………..
Jamais Apollon ne vit chœur plus vraiment divin !
Jamais le dieu n’accorda tant à nulle cité qu’il fit
à Cyrène !
(Callimaque, p. 228)
Et c’est ainsi que nous apprenons, au passage, que les anciens
Berbères étaient plutôt blonds, ceux du moins qui
cohabitaient avec les Grecs de Cyrénaïque, au
troisième siècle avant J. CH. Mais ce qu’il y a de
vraiment étonnant, et de paradoxal en apparence, c’est que les
Grecs nourrissaient à l’égard des Berbères une
profonde vénération.
L’historien Hérodote (484-425 av. J. C.) les considérait
comme le peuple du monde qui « jouit du meilleur état
de santé », surclassant en ce domaine les Egyptiens
et les Grecs eux-mêmes (Hérodote, L. II parag. 77 p. 199).
« Le costume et l’égide qu’on voit en Grèce aux
statues d’Athéna, ajoute-t-il, sont inspirés des
vêtements des Libyennes….. Atteler à quatre chevaux est
encore un usage passé des Libyens à la Grèce
» (Hérodote, L. IV, parag. 189, p. 444).
L’écrivain latin, Pline l’Ancien (23 – 79) nous signale que les
Grecs attribuaient la fondation de Tanger (Tingi) au géant de
leur mythologie Antaios (Antée) (Pline, L. V, parag. 2, p. 45),
et que Grecs et Libyens de Cyrène allaient ensemble en
pèlerinage au temple d’Amoun à Siwa (Pline, L.V, parag.
31, p.60 et commentaire p. 351). Athena la vierge, Athena la
déesse guerrière protectrice d’Athènes, Athena la
déesse de l’intelligence, est elle-même née en
Libye au bord du lac Triton (Rossi, p. 82). Les Berbères
Garamantes étaient des descendants du dieu Apollon
lui-même, aux yeux des Hellènes (Gaffiot, p. 703). Platon,
le philosophe, n’aurait jamais pu fonder son Academia, s’il n’avait
été racheté et libéré par un Libyen,
quand il a été fait prisonnier et vendu comme esclave
(Rossi, p. 119). Il est de notoriété historique, enfin,
qu’Alexandre le Grand a dû parcourir 600 km de désert,
avec toute son armée et sa suite, pour se faire sacrer roi
d’Egypte par les prêtres d’Amon, en son temple de Siwa. Les
habitants de Siwa continuent jusqu’au jour d’aujourd’hui à
parler tamazight.
Il y a lieu de penser, à partir de ces données, que les
Grecs savaient pertinemment que leur civilisation était la fille
de celle de l’Egypte et de la Libye. Les historiens français
Jean Servier et Pierre Rossi ont développé ce sujet, le
premier en ce qui concerne les Berbères, et le second en ce qui
a trait à l’influence de l’Egypte sur la Grèce. Je
reviendrai tout à l’heure sur la question des liens entre
Amazighes et Egyptiens, comme je l’ai déjà
annoncé. C’est aussi sur la rive libyenne de la
Méditerranée que les Berbères ont cohabité,
ou simplement voisiné, avec ces autres marins commerçants
qu’ont été les Phéniciens. Avec le consentement
mielleusement extorqué aux autochtones, ces derniers sont
parvenus à fonder de nombreux comptoirs sur les côtes
nord-africaines, dont quelques unités sur les côtes
atlantiques du Maroc. L’un de ces comptoirs, fondé en 814 av. J.
C., est devenu au fil des siècles une riche et puissante
cité marchande : Carthage, dont l’influence culturelle s’est
exercée sur les Imazighen, jusqu’en 146 av. J. C., année
de sa destruction par les Romains, et même au-delà de
cette date. Tout un chacun sait par ailleurs que les Romains,
maîtres de tout le bassin méditerranéen, ont
colonisé progressivement les zones côtières de
l’Afrique du Nord et une partie de leurs arrière-pays, entre 146
av. J. C. et 430 ap.
J. C.. les Byzantins, qui leur ont succédé, après
un intermède d’un siècle environ durent se cantonner dans
un petit nombre de ports méditerranéens. Puis vient
l’invasion arabe, dotée d’une idéologie combative et
fortement motivante tant du point de vue eschatologique que du point de
vue économique ; et c’est l’islamisation des Berbères,
une islamisation qui a connu bien des pérépities, mais
qui a pu malgré tout agir en profondeur, sur le long terme. De
toutes ces vicissitudes de l’histoire, il a résulté que
les élites amazighes se sont diversement acculturés, et
ont richement contribué à l’élaboration des
grandes cultures méditerranéennes. Le premier
phénomène qui a résulté de la cohabitation
des Berbères avec d’autres peuples méditerranéens,
c’est le bilinguisme, voire le trilinguisme. Il est permis de dire
qu’en toute période historique l’élite amazighe des zones
pénétrées par les cultures
étrangères a été au moins bilingue, avec
les avantages, mais aussi les inconvénients que cela suppose.
Le bilinguisme des meilleurs n’a-t-il pas été la cause
directe d’une certaine stagnation de la langue amazighe ? En revanche,
les Berbères peuvent s’attribuer le mérite d’avoir
influencé la culture punique, puisque la déesse
protectrice de Carthage, Tinnit, appartenait au panthéon
amazighe.
A en juger par ce que nous rapporte Silius Italicus (p. 8) sur la
visite du jeune Hannibal à un temple carthaginois, les
prêtresses de Tinnit étaient surtout des Amazighes qui
s’imposaient par leur fougue et leur verve. Pline (Parag. 24, p. 56) et
d’autres historiens anciens nous disent que les habitants de la
région de Carthage, le Byzacium, et des villes
côtières de Numidie étaient nommés
Libyphéniciens. Ce sont justement ces Libyphéniciens qui
ont fourni l’essentiel de l’équipage du fameux périple
d’Hannon (Gsell, T.I, p. 478). Signalons, pour finir, que l’historien
Georges Marcy, dans l’introduction à sa thèse, invite les
chercheurs à utiliser le berbère, langue vivante, pour
décrypter le punique, langue morte, plutôt que de
procéder inversement (Marcy, p. 16). Et, si nous n’avons aucune
trace de productions amazighes en punique, c’est que « la
civilisation punique n’a produit ni savants, ni poètes, ni
penseurs ; du moins l’histoire n’en connaît pas »
(Gsell, T. IV, p. 125). Des productions intellectuelles individuelles
dues à l’esprit amazighe, en langue grecque, il nous reste les
traces d’un ouvrage écrit par Juba II, en trois livres,
intitulé « Libyca », dont la perte « nous
cause beaucoup de regrets » (Gsell, VIII, p. 262). Mais c’est
dans la production de Térence (v. 190-159 av. J. C) que le
génie inventif amazighe en matière de
créativité théâtrale se révéla
le mieux. L’influence de Térence s’est exercée sur la
production des dramaturges européens jusqu’au XVIIème
siècle (Brunel et Jouanny, p. 238). A cet écrivain
féru d’hellénisme, mort à l’âge de trente
ans, nous devons la fameuse sentence : « Je suis un homme ;
de ce qui est humain rien ne m’est donc étranger ».
Il voulait dire par là, lui le jeune Africain fait prisonnier de
guerre à l’âge de cinq ans et réduit en esclavage,
que tous les hommes se valent. Mais bien avant Juba II et bien avant
Térence, la simple littérature orale amazighe avait
déjà produit des effets sur la pensée grecque.
Aristote (384-322 av. J. C.) cite les fables libyennes comme
étant un genre littéraire. Lisant cela, on apprend au
passage que le poète tragique Eschyle (525-456 av. J. C.)
s’était déjà inspiré de ces fables
libyennes (Aristote, L. II, p. 104). On peut dire, en
résumé, que l’intercompréhension entre Grecs et
Berbères semble avoir été totale.
Citons, entre d’autres preuves, le fait que le roi Masinissa
était hellénisant, et qu’il a tenu à s’entourer
dans sa cour d’artistes et de musiciens hellènes. Les
Athéniens de leur côté ont érigé une
statue du roi écrivain Juba II, auprès d’une
bibliothèque, au cœur même de leur cité. (Gsell,
VIII, 251).
Il est difficile, par contre, de déterminer de façon
précise les périodes antiques où Berbères
et Juifs ont commencé à cohabiter et à
s’influencer les uns les autres. Traitant le sujet, S. Gsell a
écrit ceci : « Nous devons mentionner encore d’autres
étrangers, dont l’établissement en Berbérie n’a
pas été la conséquence d’une conquête. … Ils
[les Juifs] étaient déjà assez nombreux à
l’époque romaine, et il est à croire que la plupart
d’entre eux étaient de véritables Hébreux »
(Gsell, I, pp. 280,281). H. Zafrani, lui, nous informe que le «
judaïsme maghrébin (le judaïsme historique s’entend)…
est aussi le produit du terroir maghrébin où il est
né, où il s’est fécondé, et où il a
vécu durant près de deux millénaires, cultivant
avec l’environnement, dans l’intimité du langage et l’analogie
des structures mentales, une solidarité active, et une dose non
négligeable de symbiotisme…». (Zafrani, Mille ans…,
pp. 9 et 10). C’est dire qu’au fil des siècles la
judéité s’est acclimatée en Afrique du Nord, sans
dommage pour personne. L’existence d’une version berbère de la
Haggada de Pesah (Zafrani,Litt.) semble prouver que, sans
prosélytisme actif, les petites colonies hébraïques
de Berbérie ont servi de foyers à une assez importante
judaïsation des autochtones ; on s’en convainc par l’observation,
par-ci par-là, d’un certain nombre d’indices relevant de
l’anthropologie culturelle, telle la tendance à faire souvent
usage de prénoms d’origine juive, ou à considérer
le samedi comme étant jour de repos. Il est cependant impossible
de démontrer que des Imazighen de souche ont contribué
à enrichir la pensée ou la littérature
hébraïque.
A l’inverse, c’est par pléiades que l’on peut citer des noms
numides, libyens ou africains, c’est-à-dire berbères,
ayant donné un éclat tout à fait particulier aux
lettres latines. Déjà cité plus haut en tant que
dramaturge, Térence « a laissé six
comédies… jouées entre 166 et 160 av. J. C. »
nous disent ses biographes. Sa « comédie [a
été] caractérisée par le souci d’adapter la
finesse et l’élégance du génie grec au goût
d’un public romain lettré » (Le Robert 2, Terence).
« Le plus célèbre
des écrivains africains [d’avant la christianisation] fut
Apulée » écrit l’historien français
Charles-André Julien, qui se hâte d’ajouter que le
personnage a été à la fois « insupportable
et séduisant » (Julien, p. 182). Apulée, (125-170),
a écrit « L’Âne d’or », espèce
de roman, qui « constitue un des rares livres latins qui se
lisent encore sans ennui », nous avertit Ch.-A. Julien (p.
183). L’écrivain italien Pietro Citati, lui ne marchande pas son
éloge : « l’Âne d’or, écrit-il est
probablement le roman le plus original jamais écrit »…Et
dire que des familles amazighes marocaines et libyennes portent encore
le patronyne « Apulée », sous sa forme authentique :
« Afulay ». « …Trois géants dominent la
pensée chrétienne de l’Afrique romaine : Tertullien,
Cyprien et Augustin. Ces trois Africains qui, avec leurs
personnalités différentes, contribuèrent à
l’établissement du dogme, sont à juste titre,
considérés comme des Pères de l’Eglise »
(Camps, p. 251). C’est Tertullien (155-225) qui fit du christianisme
une arme de résistance contre l’occupation romaine, car, tout
chrétien qu’il était devenu, il avait gardé
« toutes les passions, toute l’intransigeance, toute
l’indiscipline du Berbère ». Il défendit à
ses coreligionnaires le service militaire et incita les soldats
à la désertion. Son ouvrage principal a été
l’Apologétique (Apologeticum). Saint Cyprien, lui, recherche et
finit par subir le martyre. Il a écrit, entre autres livres : Ad
Demitrianum, Ad Fortunatum, De Mortalitate… (Ch- A. Julien, p. 206,
207). Quant à Saint-Augustin (354-430), il ne me semble pas
nécessaire de donner les détails de sa vie et de son
œuvre, car, en principe, les Européens, en tant que
chrétiens, le connaissent mieux que quiconque.
Je me permets néanmoins de rappeler que même du point de
vue de sa filiation, Augustin a été le produit des
relations symbiotiques entre peuples méditerranéens ; il
était de mère romaine et de père amazighe, Ainsi
donc, autant les rapports entre Romains et Berbères ont
été conflictuels sur les deux plans politique et
militaire, autant ils ont été fructueux sur le plan
culturel. Le phénomène est courant dans l’histoire : les
Algériens ont combattu la France, mais ont enrichi sa
littérature. La période islamique de l’histoire des
Berbères, sans être vraiment la plus longue, est la mieux
connue, parce elle est la plus récente et la mieux
étudiée. Il serait donc fastidieux
d’énumérer les centaines de penseurs, d’écrivains,
ou de savants amazighes qui ont contribué à la
constitution du patrimoine culturel arabo-islamique. Mais, à
titre indicatif, citrons-en quelques figures de proue. Ce sont les
Jazouli, (mort en 1210), Ibn Muâté (1169-1231), et Ajerrum
(mort en 1323), qui ont initié la mise en forme de la grammaire
arabe. Le livre d’Ajerrum a été en usage dans l’ensemble
du monde musulman pendant plus de six siècles, sans être
vraiment démodé même à nos jours. Si les
Iraniens ont été les meilleurs philologues de la langue
arabe, les Amazighes en ont été les meilleurs
pédagogues. Ibn Battota (1304-1377), l’intrépide
explorateur universellement connu, était un Berbère de la
grande tribu des Lawata. Le lexicographe Ibn Mandhor (1232-1311), dont
l’ouvrage « Lisân al-Âarab » reste une
référence indépassable, est né en Egypte
d’une famille amazighe de Djerba. Le théologien et essayiste
Lyoussi (1630-1691), a eu le courage de tenir tête, seul, au
sultan despotique marocain de son époque. Et, pour que les
Berbères d’Espagne médiévale ne soient pas en
reste, citons-en au moins deux : le premier étant Abbas Ibn
Firnâs (mort en 887), à qui l’on « attribue
l’invention de la fabrication du cristal », la fabrication d’une
horloge (manqana), et qui « fut même un lointain
précurseur de l’aviation » (Ency. Isl., I. p. 11), et
le second étant Abu Hayyân al-Gharnâté
(1256-1344), le polyglotte comparatiste en matière de langues.
Ceci dit, il faut signaler que l’adhésion des Imazighen à
la culture arabo-islamique n’a pas été des plus rapides
ni des plus spontanées. Ibn Khaldun nous dit que les
Berbères ont apostasié une douzaine de fois, en quelques
décennies. Les méthodes brutales de ceux qui leur
proposaient la nouvelle foi les ont dressés contre elle.
Après s’être libérés de la tyrannie arabe,
grâce à deux cuisantes défaites qu’ils ont
infligées aux armées omeyyades en 741, ils ont
essayé de trouver une parade culturelle à l’islamisation.
Deux tentatives dans ce sens ont été entreprises, l’une
par la fédération tribale des Berghwata, et l’autre par
celle des Ghumara. Ce sont les premiers qui sont allés le plus
loin dans leur entreprise : ils s’organisèrent en Etat, se
dotèrent d’une armée puissante, d’un livre sacré
rédigé en tamazight, et caricaturèrent, comme
à dessein, quelques pratiques du culte musulman. Quatre
siècles plus tard, ce sont les Almohades, une autre
fédération de tribus, qui enfin battirent les Berghwata
et les firent totalement disparaître de la scène
politique. Endoctrinés par un théologien du terroir,
formé en Orient, les Almohades, eux, s’étaient
assigné comme objectif de réaliser l’union de l’ensemble
du peuple amazighe, mais sous la bannière d’un islam rigoriste.
Ils y réussirent largement, et sans qu’ils l’aient vraiment
cherché, ils ouvrirent la voie à une arabisation lente
mais continue. Ils n’avaient pourtant pas hésité,
à un moment de leur règne, à exiger que les
muezzins et les imams fussent berbérophones. Après eux,
ce fut une autre fédération de tribus amazighes, les
Mérinides, qui prit le pouvoir et pratiqua une politique
d’arabisation intensive de l’enseignement (Document n° III).
J’ajouterai simplement qu’à l’époque,
l’irréductible opposition confessionnelle entre les deux rives,
nord et sud, de la Méditerranée, engageait les hommes
politiques et les gens d’Eglise des deux bords à toujours
enchérir les un sur les autres dans les foires de
l’intolérance et du fanatisme. Le monothéisme a-t-il
été vraiment un facteur de paix ? Vaste question qui me
dépasse, mais que je ne pouvais pas éviter de poser. Nous
en arriverons sous peu à parler de l’apport proprement amazighe
à la civilisation, mais pas avant d’évoquer la lancinante
curiosité qui a taraudé bien des esprits parmi les
historiens, tant arabes qu’européens, à l’égard de
l’origine des Berbères. Au Moyen Âge, les
généalogistes arabes se sont convaincus, en des
démonstrations acrobatiques, que les Imazighen étaient
des leurs, et qu’ils avaient émigré au Maghreb en des
temps reculés. Cette opinion continue à être la
seule admise dans le monde arabe. Dès leur installation en
Algérie, les Français à leur tour arrivent
à se persuader que les Numides, les Maures et autres
Berbères, étaient d’origine gallo-romaine, celte, ou
carrément nordique (Camps, 19 à 34). Or, il semble bien
que la génétique a maintenant tranché : le plus
ancien berceau connaissable de la civilisation berbère, en
l’état actuel de la science, a été le centre du
désert saharien, à l’époque où il
était bien arrosé et couvert de
végétations. Le mérite de l’avoir
démontré revient à une équipe de
généticiens et d’archéologues en majorité
espagnols, dans l’ouvrage intitulé : « Prehistoric Iberia,
Genetics, Anthropology, and Linguistics », paru en anglais
à New York en 2000 (Doc. n° IV). Les Imazighen ne sont pas
seulement les voisins des Egyptiens ; ils sont leurs cousins. Il se
trouve que j’avais déjà moi-même émis une
hypothèse allant dans le même sens, à partir de
l’examen de quelques éléments de lexicographie amazighe.
Cette hypothèse a fait l’objet d’un exposé en langue
arabe à l’Académie du Royaume du Maroc, le 08.06.1995,
puis d’un article publié, en français, dans la revue
marocaine « Tifinagh », en son numéro double 11-12
d’août 1997 (Doc. n° V). Comment se fait-il, dirait-on, que
les Egyptiens se sont vite et totalement arabisés, alors que les
Berbères s’accrochent encore à leur identité ? Et
quelles sont les spécificités marquées de cette
identité ? Là, je renvoie à ce qui a
déjà été dit sur le rôle du facteur
géographique. Mais essayons de voir tout cela d’un peu plus
près. Au septième siècle, l’Egypte a
cédé à l’invasion arabe en quelques mois.
L’Afrique du Nord, elle, a résisté un siècle
entier, de 640 à 741, puis a fini par réduire à
néant la puissance militaire de l’envahisseur. C’est, à
mon avis, par inadvertance que l’historien français G. Camps a
péremptoirement affirmé que les Berbères «
n’ont jamais pu longtemps tenir tête à l’envahisseur
». A-t-il voulu dire qu’ils « n’ont jamais tenu longtemps
devant les premiers coups de boutoir de leurs assaillants » ? En
tout état de cause, ses deux confrères et compatriotes,
Ch.-A Julien et D. Rivet, traitant de deux périodes pourtant
très éloignées l’une de l’autre, expriment un avis
aux antipodes du sien. « Si la civilisation romaine conquit en
apparence les cités du plat pays…, elle ne mordit même pas
sur les îlots montagneux… », puis « vint le moment
où craqua l’armature romaine.
Alors parut combien la romanisation était superficielle et son
extension limitée. » a écrit le premier (Julien, p.
194). L’historienne belge, Marguerite Rachet, nous renvoyant elle aussi
au rôle de la géographie, tire la conclusion suivante :
« Rome rêvait de dominer une Berbérie agricole et
prospère… Cette ambition supposait un total bouleversement des
habitudes sociales des indigènes, fondées le plus souvent
sur le semi-nomadisme » (Rachet, p. 259). D. Rivet pour sa part,
parlant des Français pacifiant le Maroc, au début du XXe
siècle, dans un chapitre intitulé « Une guerre de
trente ans », n’hésite pas à écrire que
« la résistance fut le fait essentiellement des
montagnards berbérophones. Elle confirme le postulat que les
Berbères se définissent d’abord par leur éternelle
insoumission au pouvoir central, lorsqu’il vient d’ailleurs, et par une
irréductibilité des profondeurs… » (Rivet, pp. 49
et 50). Camps lui-même revient sur son opinion, pour ainsi
célébrer les Amazighes : « ces peuples fiers ont
toutefois toujours pu exprimer une irréductible et vibrante
identité et une conception exigeante de l’honneur ». Cette
irréductibilité des profondeurs a ses soubassements dans
la nature du sol et dans les organisations politique et militaire qui
en ont découlé.
L’art de la guerre développé par les Imazighen au cours
des trois mille ans connus de leur histoire, est resté
constamment identique à lui-même. Essentiellement
défensif, il met en œuvre la principale qualité humaine
que cultive une lutte incessante contre l’indigence de la terre
nord-africaine : l’endurance. Puis, selon les époques, il a su
utiliser comme bête de guerre tel ou tel animal sauvage,
dressé chaque fois que le besoin s’en fait sentir. Jugurtha
(160-104 av. J. C.) aurait utilisé contre les Romains, entre 112
et 105 av. J. C., un animal mystérieux, la gorgone, qui tuait
l’ennemi de son seul regard, par la grande frayeur qu’il lui causait
sans doute (Gsell, I, p. 124). « Les éléphants que
Juba Ier mit en ligne à la bataille de Thapsus [contre les
troupes de Jules César] sortaient à peine de forêt
» (Gsell, I, p. 76). Au Moyen Âge les Almoravides ont fait
bon usage du dromadaire. Mais le compagnon d’armes qui est resté
le plus longtemps fidèle à l’homme amazighe, depuis la
plus haute antiquité jusqu’au XXe s., c’est le cheval dit barbe,
c'est-à-dire berbère (berbero). C’est lui qui a battu le
cheval arabe dans les deux batailles décisives de 741, celle du
Chellef en Algérie, et celle du Sebou au Maroc. C’est
grâce à la cavalerie berbère qu’Hannibal, le
carthaginois, a littéralement écrasé les
armées romaines à Cannes, en Italie (216 av. J. C).
Quatorze ans plus tard (202 av. J. C), c’est grâce à la
même cavalerie berbère que les Romains vainquirent
Hannibal à Zama (Document n° VI), car Rome avait su se
rallier les Imazighen qui étaient, nous dit un historien romain,
les combattants, qu’elle redoutait le plus (Tite-Live, Livres XXI
à XXV, pp. 207, 208, 209 et 485).
En plus du cheval barbe, les Imazighen ont eu deux alliés
naturels, la montagne et, en arrière-plan, les zones
semi-arides, et même le désert, qui leur permettaient
d’avoir recours à des guerres d’usure, courtes mais très
efficaces à la longue.
Cet art de la guerre était le produit normal d’une organisation
politique née elle-même d’une nature géographique
bien déterminée, laquelle a constitué un obstacle
infranchissable empêchant la berbérité de
s’ériger en nation. En effet, il ne pouvait naître du
vaste terroir nord-africain, tel que nous l’avons déjà
décrit, une organisation politique de la société
amazighe autre que tribale. Défiant le temps, le concept de
tribu a été privilégié par l’esprit
berbère jusqu’au milieu du siècle dernier. Et là,
il me semble nécessaire d’ouvrir une parenthèse pour
débarrasser le mot tribu des connotations péjoratives
qu’il charrie, en langue française tout au moins. Des pays
européens, et non des moindres, ont gardé trace de
l’ordre tribal d’antan dans leurs modes d’organisation administrative,
jusqu’à nos jours, comme en témoigne le fonctionnement
des lander allemands. Il est historiquement significatif, à ce
sujet, que l’acte de fondation de l’Empire allemand, signé le 18
janvier 1871, ait défini le Deutsche Reich comme étant
une « alliance des princes des tribus allemandes » (Schrader,
le Monde du 02.06.2000, p. 12). Je ferme la parenthèse. Il n’est
donc pas étonnant que la Berbérie ait été
en permanence, et jusqu’à une époque récente, une
suite d’« anarchies équilibrées », selon
l’heureuse formule de G. Camps (Camps, p. 326). L’organisation tribale
a toujours fini par se trouver en opposition avec tout pouvoir
centralisé, même s’il en a été
l’émanation. De toute évidence, elle a eu pour doctrine
politique, non explicitée, la nécessité de
toujours barrer le chemin aux velléités dictatoriales, et
d’exposer à une précarité structurelle toute
autorité à visées tyranniques. Il n’y a jamais eu
ni des Pharaon, ni des César, ni des Chosroês amazighes.
C’est là qu’a résidé en permanence la force des
Berbères, dans le passé, mais c’est là que se
trouvait aussi, en germe, leur faiblesse des temps modernes. La greffe
démographique arabe qui leur a été fournie par
l’islam ne leur a pas été d’un grand secours, parce
qu’elle n’a jamais cessé elle-même d’être tribale
par essence, les mêmes causes engendrant les mêmes effets.
C’est le colonialisme européen qui, au XIXe puis au XXème
siècles, viendra signifier aux Berbères, et aux Arabes,
que leur doctrine politique a depuis longtemps atteint ses limites.
Mais le colonialisme européen a surgi, lui, de l’horizon nord.
Par delà cet horizon, règne une nature
généreuse. Des flancs des montagnes aux neiges
éternelles naissent de grands fleuves. Des forêts aux
arbres gigantesques voisinent avec d’immenses prairies servant
d’écrins à des cités, des villages, et des hameaux
où prospèrent, depuis des siècles, commerces et
industries, et où l’on a le temps de penser.
L’indigence des sols et l’austérité des paysages
nord-africains n’ont cependant pas desséché les cœurs au
point de les rendre incapables de générosité. Bien
au contraire, ils y ont engendré le sentiment que
l’hospitalité et le sens du partage doivent rendre supportable
l’inclémence des cieux et des saisons. Il s’y ajoute que
l’esprit amazighe, longtemps formé à répondre aux
exigences égalitaristes de la vie tribale, a acquis un sens aigu
de la justice. De ce point de vue, il devient possible de
procéder à une analyse objective de l’attachement des
Berbères à la nécessité d’une gestion
démocratique de leurs affaires. Cet attachement est si fort
qu’il engendre une conception unanimiste du pouvoir décisionnel,
et rend souvent inopérante la volonté de la
majorité. De saint-Augustin (354-430) à Lyoussi
(1630-1691) les Imazighen ont la même soif de justice. «
Si l’on écarte la justice, que sont les royaumes, sinon de
grands brigandages ! » a décrété le
premier dans sa Cité de Dieu. « La justice prime
l’observance religieuse ! » assène d’une certaine
manière le second au théocrate intransigeant Moulay
Ismaïl. C’est, en partie, cette quête éperdue
d’égalité, de démocratie, et de justice qui, par
ses excès, a rendu politiquement vulnérable la
société berbère, l’a fragilisée à
l’égard de l’étranger, et l’a empêchée de
s’assumer elle-même en tant que nation organisée. Il a
bien émergé des royaumes berbères dans
l’antiquité, mais ils n’ont duré que quatre
siècles environ (Doc. n° VII). Leur existence du reste
n’avait pas aboli le système tribal ; elle s’en était
servie, en s’en accommodant. A Thugga, en Numidie, il y avait bien un
Conseil des Citoyens en 138 av. J. C., à l’époque du roi
Micipsa (Camps, p. 311). Le califat almohade lui-même, au Moyen
Age, avait son Conseil des Dix, et son Assemblée des Cinquante,
dont quarante délégués des tribus (Terrasse, Tome
I, p. 276). C’est donc « l’affirmation d’un pouvoir collectif
» où l’on trouve « les prémices de la
démocratie » (Camps, p. 310) qui a empêché
l’émergence de monarchies vraiment sûres d’elles et
appelées à durer.Cette société
berbère régie par des pouvoirs collectifs locaux ou
régionaux a sécrété, à la longue, un
humanisme de bon aloi, comme en témoigne les dispositions
juridiques de l’azerf. En raison du fait qu’il est le produit
de mille petits consensus ayant modifié les uns les autres
à travers les siècles, et non celui d’un décret
d’autocrate, à l’image du Code de Hammourabi, l’azerf, le droit
coutumier amazighe, est en effet un droit humain, positif, et
évolutif. Des sanctions judiciaires, il bannit totalement les
châtiments corporels, y compris la peine de mort. Quand il y a
meurtre, l’assassin est condamné à l’exil. En
deçà, les peines encourues sont toutes d’ordre
économique : dommages et intérêts payés
à la partie civile ; amendes versées à la
communauté. Seules des sanctions morales à
caractère éducatif sont appliquées aux mineurs. Le
statut de la femme bénéficie d’interprétations qui
adoucissent certaines rigueurs de la
chariâa, ou améliore son dispositif des compensations.
C’est ainsi, par exemple, que l’indemnité accordée
à une divorcée (tamazzalt) est calculée au prorata
des années de mariage, et n’est pas laissée à la
discrétion du juge.
Mais le statut dont la femme a bénéficié avant
l’islam a dû lui être beaucoup plus favorable, la
société berbère ayant été
régie par le matriarcat des millénaires durant (Abrous et
Claudot-Hawad, Annuaire ; Ousgan, thèse). Dans beaucoup de
tribus, les hommes continuent à dire les lionnes (tisednan)
quand ils parlent de la gent féminine, par
référence à un conte déjà connu
à l’époque de Juba II. Ajoutons à ceci que le
droit de la guerre intertribale interdit le rapt des femmes et des
enfants. Par ailleurs, c’est avec horreur que tout Amazighe entend
parler de cette pratique barbare qu’est l’excision des jeunes filles.
Enfin, comme en témoigne un membre de l’intelligentsia
israélienne : « La société
berbère semble avoir été l’une des rares à
n’avoir pas connu l’antisémitisme. Le droit berbère,
azerf, contrairement au droit musulman (et au droit juif, soit dit en
passant), est tout à fait indépendant de la sphère
religieuse. Il serait, par essence, laïque et égalitaire,
et n’impose
aucun statut particulier au juif… » (Elbaz, p. 84). Cela
suppose l’existence d’une philosophie amazighe du droit. Or, cette
philosophie existe bel et bien. Elle aurait été
explicitée, en des
temps très anciens, dans un jugement rendu par un tribunal
coutumier, à propos d’un litige foncier. L’une des parties ayant
affirmé que le terrain faisant l’objet du procès «
appartenait à sa famille depuis qu’elle était descendue
du ciel », les juges donnèrent gain de cause à
l’autre partie, laquelle avait affirmé, elle, que le terrain
« appartenait aux siens, depuis qu’ils avaient germé dans
son sol »… « Attendu que rien ne descend du ciel, et que
tout monte de la terre… ! » proclama haut et fort le tribunal… Et
c’est de cette même philosophie que participe la valorisation du
travail dans la culture berbère : « Si tu ne te fais pas
de cloques, ô ma main, c’est mon cœur qui en aura ! » dit
le poète.
Ce patrimoine immatériel, qui est l’âme même de la
berbérité, est toujours standing by et ne demande
qu’à être recyclé et réinvesti dans la vie
moderne ; sa plasticité le lui permet, lui qui se réclame
de la seule humanité. Mais il attend que le support linguistique
dont il est le produit soit libéré de
l’impérialisme culturel dont il est victime. Lisons sur la
question ce qu’a écrit, il y a plus de vingt ans, l’un des
meilleurs spécialistes des langages de l’humanité :
« … le fait berbère n’est reconnu ni en Algérie ni
au Maroc, où, de façon différente mais avec la
même vigueur, s’exerce la même pression tendant à
les [les Berbères] arabiser… Cependant, la volonté de
survivre se développe et pose même un problème
politique qui n’existerait vraisemblablement pas sans l’affirmation de
l’impérialisme culturel arabe » (M. Malherbe, p.
204). Cet impérialisme s’exerçait à
l’époque au nom du panarabisme, dont l’arabo-islamisme a
désormais pris la relève. Pourvu que l’amazighité
ne soit pas anathémisée par quelque fatwa du genre
« Hors de l’arabité, point d’islam ! ». Puissent nos
coreligionnaires arabes comprendre que les non-arabes ont aussi le
droit d’être fiers de ce qu’ils sont ! Les Berbères
veulent simplement être des Berbères, comme les Chinois
sont des Chinois, les Japonais des Japonais, et les Arabes des Arabes.
Ils veulent pour cela cultiver ce qu’ils ont de foncièrement
spécifique : leur langue. Ils veulent la développer, la
moderniser, et la transmettre à leurs enfants ; c’est en elle
qu’ils communient avec l’être. Et qu’on ne s’y trompe pas ! Leur
langue a une valeur intrinsèque indéniable ; aussi
est-elle encore en vie, et nulle autre qu’elle ne connaît mieux
Tamazgha, son berceau. Elle a son alphabet, tifinagh, dont la «
survivance… est d’autant plus émouvante qu’il s’agit d’une
écriture fort ancienne, et dont les origines plongent dans la
protohistoire » (Camps, p. 276). Totalement
modernisé, cet alphabet n’a rien à envier à
l’alphabet latin lui-même (Document n° VIII). Il
matérialise admirablement l’identité culturelle des
Imazighen, et reflète quelque part leur tempérament.
C’est la volonté de défendre jusqu’au bout cet
héritage, conjuguée à l’indignation
provoquée par de grossières falsifications de l’histoire,
qui explique la vigueur du sursaut identitaire berbère. En
aucune manière, les Berbères ne se dressent contre les
Arabes parce qu’ils sont arabes ; mais ils se refusent à un
enrôlement forcé dans une certaine arabité, celle
de la jactance, de l’ostentation, et des velléités
hégémonistes. En aucune manière les
Berbères ne se dressent non plus contre l’islam en tant qu’islam
: ils sont musulmans, et se solidarisent avec le monde musulman, tant
qu’il prône la justice, la tolérance, la
modération, et le respect de la dignité humaine. Le
Mouvement Culturel Amazighe (M.C.A.) milite, bien sûr, en faveur
de la sécularisation de l’Etat et de la laïcité de
l’enseignement public, et ne s’en cache pas. Mais il n’est pas
laïciste. Il agit dans le respect le plus total de l’un des
enseignements les mieux occultés par le clergé de fait
qu’est le corps des docteurs de la loi islamique, à savoir qu’il
« ne doit pas y avoir de contrainte en
matière de religion ! » (Coran, Sourate II, verset
256). L’histoire a justement démontré que la valeur de la
foi en Dieu réside dans sa sincérité, et que toute
adhésion forcée n’engendre que mensonges et hypocrisies.
Il est certain que la laïcisation des Etats et de l’enseignement
public permettra à l’islam de se révéler sous son
vrai jour, en tant que religion du savoir et de la raison, et de
n’être plus un alibi dont on se sert pour justifier bien des
ignominies. Le christianisme aussi a connu sa période
d’égarement : celle de l’ordalie, de l’autodafé, de
l’inquisition, et du bûcher. Et les guerres de religion ?! Les
guerres de religion interchrétiennes, les guerres de religion
inter-musulmanes, et les guerres de religion entre chrétiens et
musulmans ! Des siècles de gâchis, de haines et d’horreurs
! Il n’est pire maladie pour un esprit humain que celle qui
l’amène à croire qu’il est le seul détenteur de la
vérité absolue. A cet égard, il est permis de
croire que le concept même de laïcité est en soi,
depuis deux siècles, un vaccin salutaire qui a assez bien
immunisé l’esprit occidental, et poussé du même
coup la foi chrétienne à se soumettre à un
réel examen de conscience, où elle a gagné en
profondeur, en sincérité, en humilité, et en
humanité.
Aussi les tartufes de tous bords s’ingénient-ils à faire
accroire que tout laïc est athée, et aussi recherchent-ils
l’affrontement. La violence physique et verbale étant leur arme
de prédilection, ils refusent tout débat calme et serein.
Pour sa part, à l’inverse, le M.C.A. a banni de son esprit la
moindre idée du recours à la brutalité. Il se veut
pacifique, facifiste même, jusqu’à la dernière
limite, pour un tant soit peu que les aspirations légitimes des
Berbères auraient été prises en
considération. C’est de paix que le monde a besoin, et, comme
dit le proverbe arabe : « Par la souplesse et la douceur, on
obtient plus que par la force ! ». Le M.C.A. luttera donc pour
que la patrie des Imazighen, Tamazgha, soit une terre de
prospérité, de fraternité humaine, de
générosité, et d’ouverture d’esprit. Mais les
Berbères lutteront aussi pour qu’ils se sentent chez eux, en
Tamazgha, leur seule patrie, celle que leur ont léguée
leurs ancêtres, celle dont ils n’ont spolié personne, et
pour laquelle, depuis trois mille, quatre mille, cinq mille ans, ou
beaucoup plus, des centaines de générations ont
versé leur sang à des fins défensives. Les
Berbères offrent en partage ce qu’il y a de meilleur dans leur
héritage culturel, à l’ensemble de l’humanité. A
leurs compatriotes non berbérophones des Etats nord-africains,
ils disent simplement : « L’humanisme amazighe s’est
infiltré jusqu’au fin fond de vos consciences, à votre
insu, et il y vit toujours. Ne l’y comprimez pas, et vous aurez tout
compris ! ». A tous les autres peuples
méditerranéens, nos partenaires culturels de tous les
temps historiques connus, nous offrons notre collaboration pour
l’accomplissement, en commun, d’une longue et lourde tâche, celle
de combattre méthodiquement l’ignorance et le faux savoir. Ce
sont ces deux fléaux de l’esprit humain qui empoisonnent les
relations interethniques, intercommunautaires, et internationales
souvent. La culture méditerranéenne dont nous sommes tous
imprégnés, et à laquelle chacun de nos peuples a
apporté sa pierre, ou pour le moins mis sa touche, se doit de ne
pas abandonner son rôle dans le travail d’humanisation qu’elle a
initié il y a des milliers d’années. Cultivons l’homme,
cet extraordinaire produit de la terre !
Auteurs cités
• ABROUS Dahbia, Université de
Béjaïa et CLAUDOT-HAWAD Hélène, CNRS-IREMAM,
Article dans l’Annuaire de l’Afrique du Nord, 1999, 91-113 (Paris CNRS
Editions) sous le titre : « Imazighen du nord au sud… ».
• ADAM André, CASABLANCA, thèse de doctorat, 2 volumes,
Editions du CNRS, Paris, 1968.
• ARISTOTE, en grec : Aristotelês, RHÉTORIQE, 2 volumes,
Ed. Les Belles Lettres, Paris, 1991.
• BAILLY M.A., dictionnaire grec-francais, 11ème édition,
Edit. Hachette, Paris, 1894 (Bailly cite ses sources).
• BRUNNEL Pierre et JOUANNY Robert, les Grands Ecrivains du monde,
Edit. F. Nathan, Paris, 1976.
• CALLIMAQUE, en grec : KALLIMAKHOS, Epigrammes Hymmes, Edit. les
Belles Lettres, Paris, 1972.
• ELBAZ Shlomo, article dans « ARIEL » revue
israélienne des Arts et des Lettres, n° 105,
Jérusalem, 1998.
• ELMELIANI Idriss, Recueil de poèmes « Tannirt » en
arabe classique, Edit. IRCAM, Rabat, 2004.
• ENCYCLOPÉDIE de L’ISLAM, version française, Nouvelle
Edition, Edit. Maisonneuve, 1960 (Tome I).
• GAFFIOT Félix, Dictionnaire latin-français, Edit.
Hachette, Paris, 1934 (Gaffiot cite ses sources).
• GSELL Stéphane, Histoire Ancienne de l’Afrique du Nord, 8
tomes, Edit. Hachette, Paris, 1920.
• HÉRODOTE, en grec : Hêrodotos, l’Enquête, 2
volumes, Livres I à IV et Livres V à IX, Edit. Gallimard,
collection « Folio Classique », Paris, 1964, 1985.
• JULIEN Charles-André, Histoire de l’Afrique du Nord, 2
volumes, Edit. Payot, Paris, 1986.
• MALHERBE Michel, Les Langages de l’Humanité, Edit.
Séghers, Paris, 1983.
• MARCY Georges, Les Inscriptions Libyques Bilingues de l’Afrique du
Nord, Imprimerie Nationale, Paris, 1936.
• OUSGANE Elhoussaïn, thèse de doctorat soutenue à
Fès en 2001, sous presse ; article dans le périodique
« Amadal Amazighe », mai 2005, page 7. (Le tout en arabe)
• PLINE L’ANCIEN, en latin : Caius Plinius Secundus, Histoire
Naturelle, Livre V, 1-46, 1ère partie (l’Afrique du Nord),
Edition Les Belles Lettres, Paris, 1980.
• RACHET Marguerite, Rome et Les Berbères, Edit. Latomus, Revue
d’Etudes Latines, Bruxelles, 1970.
• RIVET Daniel, Le Maroc de Lyautey à Mohammed V, Edit. Porte
d’Anfa, Nouvelles Editions Latines, Paris, 2004.
• ROSSI Pierre, La Cité d’Isis, Nouvelles Editions Latines,
Paris, 1976.
• SCHRADER Fred E., professeur d’histoire et d’études
germaniques à Paris, article publié dans le journal le
Monde, p. 12, le 02.06.2000.
• SERVIER Jean, Tradition et Civilisation Berbères, Editions du
Rocher, Monaco, 1985.
• SILIUS ITALICUS Tiberius Catius, La Guerre Punique, Livres I à
IV, Edit. Les Belles Lettres, Paris 1979.
• TERRASSE Henri, Histoire du Maroc, 2 volumes, Editions Atlantides,
Casablanca, 1949.
• TITE-LIVE, en latin Titus Livius, Histoire Romaine, 2 volumes, Livres
XXI à XXV, et Livre XXVI à XXX, Edit. GF Flammarion,
Paris, 1993,94.
• ZAFRANI Haïm, Mille ans de vie juive au Maroc, Edit. Maisonneuve
et Larose, Paris, 1998.
• ZAFRANI Haïm, Littératures Dialectales et Populaires
Juives en Occident Musulman, Geuthner.
Nota Bene – Les écrivains
berbères qui ont produit en latin portaient des noms latins.
Dans le texte de la conférence, ils ont été
mentionnés tels qu’ils sont connus en français. Veuillez
trouver ci-dessous les correspondances :
• Apuleius Lucius Theseus, Apulée
(125-170)
• Augustinus Aurelus, Saint-Augustin (354-430)
• Cyprianus Thascius Caecilius, St Cyprien (200-258)
• Terentius Publius Afer, Térence (185-159 av.J.C)
• Tertullianus Septimius Florens, Tertullien (155-225)
Signalons aussi que le nom grec du
poète tragique Eschyle (525-456 avant J.Ch.) était
Aiskhulos.
* Symposium international « Les
amazighs aujourd’hui, la culture berbère »
Date: du 28/06/2005 au 30/06/2005
Lieu: IEMed (Barcelona)
Organise: IEMed
Avec la collaboration de l’Agència Catalana
de Cooperació al Desenvolupament, l’IEMed organise ce symposium
afin de faire connaître l’une des plus anciennes cultures
méditerranéennes, la culture amazighe,...
http://www.iemed.org/activitats/factivitat.php?idActivitat=388

http://www.iemed.org/publicacions/iemedinfo/finfo17.pdf
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présentation de Mohammed Chafik par Ali Khadaoui
Mohammed Chafik pour Francopolis,
recherche par Ali Khadaoui
décembre 2005.
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